Haut Verdon : des travaux pour préserver le fonctionnement du Verdon à long terme

 

Un cours d’eau transporte bien sûr de l’eau, mais aussi - et c’est moins évident - des sables, graviers, galets, blocs… Pour son bon fonctionnement, le cours d’eau a besoin de ces éléments.

Sur le haut Verdon en amont de Saint-André-les-Alpes et comme sur une majorité des rivières de France, les graviers, galets, blocs arrivent de moins en moins dans le Verdon. Il y a des causes plus ou moins « naturelles » (modifications du climat ; développement de la végétation sur les versants) ; mais aussi des causes purement humaines comme les aménagements en bord de rivière (routes, aménagements de berges…).

A moyen et long termes, les conséquences d’un déficit trop important de ces matériaux seraient multiples :

  • Un enfoncement du lit de la rivière et donc une déstabilisation des ouvrages (protections de berges, digues, ponts…) qui s’effondrent,
  • Des érosions de berges aggravées,
  • Une perte des supports de vie (zones de frayères…) et de la biodiversité aquatique,
  • Une dégradation de la qualité de l’eau,
  • Une baisse du niveau de la nappe d’accompagnement de la rivière, qui suit celui de la rivière, pouvant entraîner des problèmes d’alimentation de captages,
  • Des boisements de berges moins alimentés en eau qui évoluent, perdent leur rôle de fixation des berges, et une perte d’habitat pour la faune et la flore caractéristique des rivières.

 

Par ailleurs, le haut Verdon présente des zones de tressages situées à Beauvezer, Thorame-Haute et Saint-André-les-Alpes. C’est essentiellement un transport de sédiments régulier et conséquent qui permet le maintien de cette forme de rivière.
Les cours d’eau en tresses sont des milieux fragiles, en mouvement perpétuel (rajeunissement permanent du milieu), ce qui se traduit par une grande richesse : ils représentent un patrimoine naturel et paysager remarquable. Sur la période 1948-2016, les tressages du haut Verdon ont connu une perte de superficie de 9, 10 et 18 ha respectivement. C’est le déficit sédimentaire et l’aménagement de la rivière qui menacent les rivières en tresses. Sur le bassin Rhône Méditerranée, c’est 30% du linéaire de rivière en tresse qui a disparu depuis la fin de XIXe siècle.

 

 

 

 

Que faire ?

Des actions ont été définies et sont en phase de mise en œuvre depuis 2021 pour essayer d’enrayer cette tendance. Il ne s’agit cependant pas de rétablir le transport sédimentaire d’antan ! Mais de limiter l’enfoncement et ses effets négatifs sur les aménagements et l’environnement. Différentes interventions sont ainsi prévues :

  • Des opérations pour éviter la fixation des bancs (iscles) présents dans le lit de la rivière par le développement trop important de la végétation. Pour cela, la végétation est enlevée sur ces bancs sur lesquels les sédiments (galets, graviers) pourront être mobilisés lors d’une crue. Ces opérations sont ciblées sur les iscles avec une végétation très développée et ancienne, il ne s’agit pas de tout couper…
  • Des interventions pour permettre aux affluents du Verdon de lui apporter des galets. Pour cela, les confluences de ces affluents avec le Verdon doivent être entretenues. Ainsi, le lit de la Lance à sa confluence avec le Verdon a fait l’objet de travaux de dévégétalisation en 2021 et 2023.

Lance avant travaux Lance après travaux

  • L’enlèvement des aménagements de berges inutiles sur des secteurs sans enjeu, pour que le Verdon puisse se recharger en sédiments. Par exemple, à l’aval du camping de Villars-Colmars, une ancienne digue est présente en rive droite du Verdon, aucun enjeu n’est situé derrière. Les travaux consisteront à démonter la digue et évacuer les blocs.
  • Des travaux pour permettre la reconnexion du Verdon à ses sources sédimentaires sur les versants. Une source sédimentaire localisée en rive gauche, en aval du pont d’Ondres n’était plus active : le boisement du lit de la rivière empêchait le Verdon de s’écouler en rive gauche et les sédiments de rejoindre le lit. Les travaux ont consisté à créer un bras de 300 m de long pour 8 m de large. Ce bras permettra au Verdon de se recharger en matériaux lors des crues en érodant le talus en rive gauche. Il permettra également de favoriser le passage des crues et donc de limiter les érosions en rive droite sur la RD 908. L’ensemble des matériaux extraits lors de la création de ce bras de décharge ont été remis à disposition du cours d’eau à proximité immédiate de la zone de travaux sur l’iscle central du Verdon.

Aval pont d’Ondres avant travaux Après dévégétalisation en 2023Création du bras en septembre 2024

Photos de gauche à droite : Aval pont d’Ondres avant travaux où on voit toute la végétation, ensuite après travaux de dévégétalisation en 2023 et enfin le bras créé en 2024

 

Enfin un travail est en cours afin de définir des lieux permettant de remettre dans le cours d’eau les graviers provenant des versants récupérés dans le cadre de l’entretien des routes, qui devraient naturellement rejoindre la rivière mais se retrouvent piégés dans les différents ouvrages (fossés, busages…).

En parallèle des travaux des suivis sont mis en place pour voir l’évolution du lit, confirmer ou infirmer les tendances, évaluer l’effet des travaux, afin de, si nécessaire, ajuster le programme d’actions.

Ces travaux sont portés par l’EPAGE (établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau) du Verdon, dans le cadre de la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) que lui a confiée la Communauté de Communes Alpes-Provence-Verdon. Ils sont financés par les sept intercommunalités du bassin versant du Verdon, par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.

 

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