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Se mobiliser pour la biodiversité

Le 20 mars 2019, à Saint-André-les-Alpes, suite à la visite du nouveau sentier d’interprétation pour découvrir les fonctions et les espèces rares d’une zone humide, aménagé avec l’aide du Parc naturel régional du Verdon, les élus du territoire, du Bas-Verdon au Haut-Verdon étaient conviés à la salle polyvalente pour un comité syndical du Parc spécial « biodiversité ».

 

Parler de biodiversité, c’est non seulement parler de tout le vivant qui nous entoure et auquel est relié l’Homme, c’est aussi parler cadre de vie et paysages, prévention des inondations, qualité de la ressource en eau. Ce sont aussi des activités humaines qui ont façonné de tout temps notre territoire et qui sont intimement liées au maintien et à la préservation de ses ressources naturelles. C’est parler d’équilibres fragiles mais ô combien importants entre biodiversité et activités humaines. Les services rendus par la nature, comme la pollinisation, en sont un bon exemple. Préserver la biodiversité, c’est préserver la santé humaine, c’est un gage de produits agricoles de qualité et à forte valeur ajoutée, d’une alimentation saine et locale. Ce sont des forêts plus à même de résister aux attaques parasitaires et au changement climatique. Au final, c’est toute l’économie d’un territoire et son attractivité pour ses habitants, ses nouveaux arrivants et visiteurs qui en dépend.

Or, les indicateurs de l’état de la biodiversité dans le monde comme en France, sont plutôt inquiétants. C’est peu de le dire. Qu’en est-il dans le Verdon ? A l’aube de la révision de la Charte du Parc naturel régional du Verdon, le territoire pourrait-il complètement se mobiliser pour montrer que tout n’est pas perdu, qu’il est encore temps et indispensable de réagir ?

 

Un constat alarmantBourdon, photo Dominique Chavy

En France métropolitaine, la population des oiseaux des milieux agricoles a chuté d’un tiers depuis 1989. Recul des espaces agricoles au profit de l’urbanisation, simplification de nos paysages agricoles, emploi des produits phytosanitaires… ont fait leur œuvre. Même dans les espaces ruraux, toutes les espèces d’oiseaux sont dorénavant en déclin, qu’il s’agisse d’espèces les plus sensibles aux modifications de leur environnement, ou des espèces dites plus généralistes. Ce sont aujourd’hui près d’une espèce sur trois qui est dite en danger de disparition en France, toutes espèces et tous milieux confondus. La consommation des terres agricoles et des espaces naturels par l’urbanisation a représenté l’équivalent d’un département comme la Seine-et-Marne sur les dix dernières années, soit l’équivalent de 3 fois la taille du Parc du Verdon englouti par l’urbanisation, des zones d’activités, divers réseaux et équipements !

Cette chute de la biodiversité est d’autant plus inquiétante qu’elle augure des bouleversements inédits sur des pas de temps extrêmement courts, sans équivalent depuis la disparition des dinosaures ou les dernières glaciations ! Si la nature a des ressources insoupçonnées, c’est une gageure pour que des écosystèmes puissent évoluer et s’adapter sur des pas de temps aussi courts, à peine l’équivalent de 2 ou 3 générations humaines.

Si notre région est l’une des plus riches en biodiversité avec par exemple 65% des espèces végétales ou 85% des espèces de papillons de jour de France métropolitaine, l’Observatoire régional de la Biodiversité piloté par l’ARPE-ARB (nouvelle Agence Régionale pour la Biodiversité) nous apprend aussi que cette nature, comme partout ailleurs, est sous pression. En particulier dans les massifs provençaux et les grandes plaines alluviales comme le Rhône et la Durance où la pression humaine s’accentue dorénavant et remonte depuis la frange littorale.

Et pour ne rien gâcher, si notre société n’arrive pas à enrayer les émissions de gaz à effet de serre, avec des politiques publiques ambitieuses et suivies, les climatologues prédisent en région une hausse moyenne des températures de l’ordre de 5°C à l’horizon 2100, avec des périodes de forte chaleur et de sécheresse prolongée qui deviendraient la norme d’ici à peine 30 ans.

 

Le Verdon, un territoire pour montrer l’exemple

Gageons que toutes les forces vives du territoire, de l’échelle individuelle à l’échelle collective, du citoyen aux initiatives politiques locales, peuvent converger et se mobiliser en faveur de la biodiversité. Il existe déjà des initiatives, des envies. Dans les basses gorges du Verdon, 3 communes (Saint-Julien-le-Montagnier, Quinson et Esparron-de-Verdon) ont décidé de protéger des gîtes majeurs en France pour la préservation de chauves-souris. Dans les grandes gorges du Verdon, une commune (Aiguines) qui fait le pari de laisser une partie de sa forêt communale, à la biodiversité exceptionnelle, évoluer et se régénérer naturellement sans la main de l’Homme ; dans le Haut-Verdon deux communes (Allons, La Mure-Argens) qui, autour de la conservation des variétés fruitières anciennes, entendent aussi conforter les pollinisateurs sauvages.

Gageons qu’à l’occasion de réécrire la prochaine feuille de route du Parc naturel régional du Verdon, ces initiatives pourront être consolidées, encouragées, amplifiées et la voie du territoire entendue, avec des moyens financiers et humains à la hauteur du défi à relever.

L’Observatoire de la biodiversité du territoire, que souhaite mettre en place le Parc du Verdon, a aussi pour ambition de sensibiliser et d’entraîner le territoire dans cette direction.

 

Mise en ligne: 
Mardi 09 avril 2019
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