L'Ecrevisse à pieds blancs sauvée sur un affluent du Verdon
Première action concrète pour protéger l'Ecrevisse à pieds blancs
Depuis 2010, le Parc naturel régional du Verdon recense et suit les populations d'écrevisses à pieds blancs, afin de les préserver. L'Ecrevisse à pieds blancs est un bon indicateur des cours d'eau peu remaniés ou impactés par l'Homme, offrant encore un bon fonctionnement écologique.
Autrefois commune dans les cours d'eau de l'hexagone, l'espèce est en déclin face à la colonisation des milieux par les écrevisses exotiques. Ces dernières peuvent être porteuses d'une maladie mortelle pour les écrevisses à pieds blancs, appelée la peste de l'écrevisse ou aphanomycose. Et sur le territoire du Parc, toutes les grandes retenues sur le Verdon sont devenues des "réservoirs" à écrevisses exotiques, que l'on sait porteuses de la maladie.
Ainsi, depuis 2016, le Parc a déjà malheureusement constaté la disparition d'au moins 3 belles populations d'écrevisses à pieds blancs, contaminées par la peste de l'écrevisse. La maladie peut être propagée par l'introduction (pourtant interdite) d'écrevisses exotiques dans les cours et plans d'eau, ou par du matériel contaminé et non desinfecté à la suite d'activités de loisirs ou d'interventions professionnelles dans des milieux aquatiques où des écrevisses exotiques sont présentes.
Une autre population était fortement menacée de subir le même sort.
Ainsi, dans le cadre de la démarche Natura 2000, deux aménagements légers ont pu être réalisés en septembre 2018. Adossés sur des seuils naturels, leur objectif est d'empêcher la remontée des écrevisses exotiques et que ces dernières ne rentrent en contact avec les écrevisses à pieds blancs. Dispositifs expérimentaux mais testés avec succès dans d'autres départements, leur principe est simple : des tôles lisses en inox, enchassées dans les berges et faisant débord sur le seuil, doivent empêcher les écrevisses exotiques de franchir le seuil ou de le contourner à terre par les berges. Par précaution, dans le cas présent, 2 seuils successifs ont été aménagés, afin de réduire au maximum les risques de remontée des écrevisses exotiques. Leur conception est pensée de telle sorte que ces aménagements n'empêchent pas en revanche la remontée des poissons et notamment des truites fario.
Pour ce faire, grâce à des financements européens (FEADER) et de l'Etat (DREAL PACA), le Parc naturel régional du Verdon s'est appuyé sur l'expertise et le savoir faire de Théo DUPERRAY, carcinologue.
Une intervention in extremis...
Cette opération, prévue de longue date, a failli être menée trop tard...
La distance séparant ces deux espèces se réduisant d'année en année, il était urgent d'intervenir. Or, au moment de réaliser les aménagements, une mortalité d'écrevisses à pieds blancs a malheureusement été constatée, les signes cliniques ne faisant aucun doute sur la source de la maladie. Depuis la réalisation de ces aménagements, aucune mortalité n'a été observée plus en amont sur le cours d'eau. Les aménagements semblent ainsi avoir pleinement assuré leur office, mais à quelques jours près, cela aurait sans doute été trop tard...
Par précaution, un troisième et dernier suivi est prévu pour s'assurer une bonne fois pour toutes que l'Ecrevisse à pieds blancs est sauvée sur ce cours d'eau.
Toutefois, cet "happy end" ne doit pas faire relâcher l'attention. Toutes les populations d'écrevisses à pieds blancs sur le territoire restent très fragiles et menacées par la peste de l'écrevisse.