Chauves-souris

Une nurserie bien à l’abris

 

Mais qu’est-ce que cette grille et ce dispositif flottant installés devant la grotte ennoyée d’Esparron ?

Petit essaim de Minioptère de Schreibers (Jean-Michel Bompar)

Ils sont destinés à protéger l’une des plus importantes colonies de chauves-souris de notre Région. C’est dans cette grotte que, tous les ans, plus de 2000 chauves-souris donnent naissance chacune à un petit. Entre avril et août, 4 espèces différentes se tiennent serrées les unes contre les autres, se tenant chaud et protégeant leur petit : le murin de Capaccini, le petit murin, le grand murin et le minioptère de Schreiber.

Cette grotte règlementée depuis 2009 par un arrêté préfectoral de protection de biotope est interdite d’accès. La grille a été posée en 1996. Malgré tout, la grotte nécessitait un renfort de protection et d’information, face aux très nombreuses embarcations qui circulent à proximité. C’est pourquoi EDF s’est engagé dans un contrat Natura 2000* pour permettre la création de ce dispositif de bouées flottantes et de panneaux d’information, destinés à éloigner les embarcations de l’entrée et à informer davantage le public naviguant de la richesse de cette grotte.

L’objectif est de rendre confortable et adapté l’entrée de la grotte qui est la partie la plus chaude en début d’été, où les chauves-souris s’installent pour mettre bas.

Vous saurez désormais quel trésor elle renferme et pourrez participer à sa préservation, en restant loin de l’entrée, en respectant la quiétude des lieux (lumière, cris et musique proscrits).

 

Le Murin de Capaccini, chauve-souris pêcheuse à grands pieds

Les basses gorges du Verdon représentent un lieu unique en France pour le Murin de Capaccini, espèce méditerranéenne très localisée. Cette chauve-souris se reproduit dans la grotte d’Esparron d’avril à fin juillet puis hiberne dans les tunnels voisins de l’ancien canal du Verdon entre décembre et février. En période de transit (printemps et automne), le Murin de Capaccini est susceptible de fréquenter tout un réseau de cavités existant dans les basses gorges ou à proximité.

Ainsi, la grotte d’Esparron accueille un peu moins de 30 % de la population reproductrice nationale des effectifs reproducteurs connus du Murin de Capaccini. Quant aux nombreux tunnels qui s’étendent sur une quinzaine de kilomètres le long du Verdon, ils représentent le plus important gîte d’hibernation français pour cette espèce, avec 37 % des effectifs nationaux présents en hiver.

 

Pour s’alimenter, le Murin de Capaccini suit essentiellement les surfaces d’eau libre plutôt calmes et riches en végétation (roselières, ripisylves) et donc en insectes. Une étude menée dans le Verdon par le Groupe chiroptères de Provence en 2005 montre une grande capacité de déplacement (territoires de chasse à 33 km du gîte de reproduction) et l’utilisation de plusieurs sites de chasse par nuit, pouvant être éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres.

La technique de chasse de cette chauve-souris est bien particulière car elle fait partie des chauves-souris pêcheuses à grands pieds, qui capture ses proies en vol à la surface d'eau à l'aide de son uropatagium (membrane de peau située entre les pattes arrière et incluant la queue) et de ses pattes. Son régime alimentaire comprend des insectes de taille petite à moyenne (Trichoptères, Chironomidés et Culicidés) liés aux milieux aquatiques. Il a également été montré qu'il pouvait se nourrir d’alevins, toujours en utilisant sa technique de pêche.

 

Un partenariat ancien pour protéger grotte et tunnels

Comptage des chauves-souris par le Groupe chiroptères de Provence (GCP). Les canoés sont positionnés à l’entrée de la grotte. Allongés dans les canoés, pour visualiser le plafond de la grotte, et munis de compteurs manuels et de détecteurs d’ultrasons, les responsables du suivi comptent les chauves-souris qui sortent à la tombée de la nuit. (Anne Ferment, PNR Verdon)

C’est au début des années 90 que l’intérêt des basses gorges pour différentes espèces de chauves-souris a été découvert. Le Groupe chiroptères de Provence, le Parc naturel régional du Verdon, les communes d’Esparron-de-Verdon, de Quinson et de Saint-Julien-le-Montagnier, mais également EDF, ont alors œuvrés pour la protection des gîtes d’été et d’hiver et pour mieux comprendre leur fonctionnement. Des conventions refuge chauves-souris ont donc été établies entre ces partenaires tant pour la grotte que pour les tunnels, afin de mieux coordonner les actions de chacun.

D’autres acteurs participent aux actions de protection des chauves-souris, notamment le Club nautique d’Esparron-de-Verdon (CNEV) qui met chaque année à disposition des canoés pour effectuer le comptage des chauves-souris de la grotte.

On peut aussi compter sur l’ensemble des membres du comité de suivi de l’Arrêté préfectoral de protection de biotope de la grotte, qui se réuni tous les ans, pour discuter des actions à mener (Services de l’Etat, Office national des forêts, comité régional de spéléologie, association de canoé-kayak de Quinson…).

 

*Un contrat Natura 2000 permet de bénéficier de financement de l’Etat et de l’Europe (Feader) pour mener des projets de protection de la biodiversité. Dans ce cadre, un contrat de 25 540 € a été signé entre EDF et l’Etat pour créer ce dispositif.

 

 

 

 

 

Projet financé avec le concours de l’Union européenne avec le Fond Européen Agricole pour le Développement Rural.

 

  

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